J’ai longtemps cherché l’origine de ce sobriquet, « Stocane », donné à la paroisse Saint-Zéphirin de Stadacona.
Un citoyen natif de cette paroisse du Vieux-Limoilou m’a fourni une explication intéressante :
Stocane est en fait une dénomination déformée et péjorative provenant d’un anglicisme. Plusieurs travailleurs stadaconiens avaient pour boss des anglophones et comme [ceux-ci] avaient souvent pour lunch des cannes de stew ou stewcan, ce serait devenu stocane.
On disait aussi « Stocane les toasts »… Voici ce qu’ajoute pour sa part Kathleen Pouliot, de la Société historique de Limoilou, dans son mémoire de maîtrise Vivre son quartier : l’expérience du Vieux-Limoilou de 1960 à aujourd’hui :
La signification de « Stocane les toasts » se rattache à la pauvreté de cette paroisse où les gens, dit-on, ne pouvaient manger que des toasts.
Quand on parlait de Stocane, on disait que c’était le coin des « toffs », si bien qu’on avait peur d’y mettre les pieds ! Un des participants de l’étude de Kathleen Pouliot exprime ceci :
André M. raconte s’être déjà promené une fois en bicyclette dans les années 1960 « pis il y avait des gars qui venaient alentour de toi (André prend une voix grave) : qu’est-ce que tu fais icitte ? Qu’est-ce que tu fais icitte ? Le monde c’était assez fermé. Oh oui c’est une place fermée » (A.M.). Selon les informateurs, les étrangers étaient perçus comme une menace pouvant « voler les filles de Stadacona ».
Dommage que Stadacona ait été affublé du nom « Stocane » pendant des années, avec tout ce qu’il y avait de péjoratif dans cette appellation. Il y avait là comme ailleurs des gens très bien, qui vivaient souvent pauvrement. Mais pauvreté n’est pas vice. On avait souvent le snobisme de les juger en bloc, sans faire de nuances…
À lire aussi : Limoilou dans les années 1960 (88) : rue Papineau.
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